Semaine 13 : Méditations de poisson.

Cette fois-ci, c’est Sardine qui est à l’origine de ces quelques lignes. Même quand t’es blond(e), le vélo, ça rend pensif, tu vas voir.

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Le trajet du jour consistait à relier A et B en passant par C ;  A et B sont à peu près à la même altitude ; C est bien plus haut. Arrivant bien essoufflée  au sommet C, Sardine lance poliment la question que tu as essayé d’éviter en invitant les regards juvéniles à contempler la jolie plaine là-bas, où l’on a dormi la veille: « Papa, ça sert  à quoi de monter si après on redescend ? » Elle est grande cette question ! Et surtout, elle mène loin, plus loin que ce que tu pouvais craindre : après avoir tenté de décrire les vertus de l’ascension, de  l’effort, « arbeit macht frei », tout ça, et me rendant compte de mon échec lapatent, j’ai tenté une question-réponse : « Sardine, ça sert à quoi de vivre, si l’on meurt un jour ? » Forcément, face à tant de subtilité, Sardine s’est émue : « c’est quand-même pas pareil ! » ;  d’accord, mais il y a quand même un point commun : d’un point de vue purement logique, vivre ou monter une côte qu’on va redescendre ne sert à rien ; d’un point de vue rationnel et dans l’absolu, ça n’a pas de sens ; si l’on veut échapper au désespoir nihiliste de Nietzsche, c’est donc qu’il faut chercher le sens en dehors de la raison…dans le cœur peut-être, qui a ses raisons…et là, miracle, on est tombé à peu près d’accord, avec Sardine : la côte va demander au cycliste de se dépasser, va solliciter son cœur et ses muscles, ce qui va produire un échauffement général pendant l’effort (agréable s’il fait un peu frais dehors), et un bien-être indéniable en suivant ; au passage du point haut, la vue sera, comme par enchantement, toujours plus belle pour celui qui a gravi dans l’effort que pour celui qui s’est laissé porter en haut…Ça c’est pour le cœur au sens propre ;

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et je te laisse deviner l’application de l’image au sens figuré ; en bref, le sens de ce qu’on fait dépend d’abord  de ce qu’on y met de soi… (je crois que c’est du Laurent Fignon)

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Sur un mode au moins aussi grave, tu apprendras qu’après deux mois et demi de vadrouille, Sardine nous a confié avant-hier que pour elle, le top du top gastronomique, c’est de boire l’eau de cuisson des pâtes comme un bouillon…

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Enfin, hier, arpentant les rues, comment dire, un tantinet « balkaniques » d’une petite bourgade manifestement pauvre (hors-saison) de la côte nord-est de la Grèce, Sardine nous a confié que :

« –  Tu vois, les gens ici, ils sont peut-être plus pauvres qu’à Bruxelles, mais ils ont l’air plus libres aussi

–  Ah bon ! Comment ça ?

–  Eh bien, ici, ils n’ont pas de problème  de mode, il n’y a même pas de magasins ; ils s’en fichent d’avoir le casque d’IPOD rogneugneu, ou  les chaussures trop dar… Tu vois, ils sont pas encombrés avec des trucs idiots, ils sont plus libres quoi ? »

… à faire passer aux chantres du soit-disant  libéralisme économique…

Devant un tel florilège, je me suis dit qu’il fallait partager ; à la prochaine !

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6 commentaires pour Semaine 13 : Méditations de poisson.

  1. Alphonsine dit :

    Et bien, on peut dire que pédaler aide à réfléchir !
    Bravo à la Sardine pour toutes ses réflexions.

  2. Delpaux dit :

    Gros bisous à Sardinette. Vous êtes top tous les 5. A fond le forme! …Ouai, je sais c’est nul…

  3. Marie-Bénédicte Foucault dit :

    Toujours un régal de vous lire

  4. Ed dit :

    Mais est-ce qu’on redescend parcequ’on est monté ou remonte-t-on parcequ’on est descendu ?

    quand à la citation teutonnique, elle était au-dessus d’un bien triste lieu…. dans lequel les gens n’avaient certes pas de problème de mode non plus, ni de magasins, ils s’en fichaient d’avoir le casque d’IPOD rogneugneu, mais n’étaient pas du libres pour autant :-S

  5. Beyaert dit :

    Nous avons appréciė l’image de la montagne et de la vie. Moi OAEA contrôleur aėrien pas compris! Je remonte les colonnes de véhicules tous les matins et tous les soirs et ne les redescends jamais :-).
    Sérieusement, si je pouvais remonter le temps….

  6. les muretains dit :

    elle est belle votre fille !!!!! gloire, gloire , gloire à Dieu!
    Belle et bonne dernière ligne droite à biclou à vous
    ici cèpes et chataignes foisonnent et vous rappèlent à nous!
    tcha!

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