Moins de gras, plus de grâce.

C’est le programme scolaire du jeune Thon qui est à l’origine de ces quelques lignes : en effet, il nous a permis de nous replonger dans la très vénérée Révolution Française, dont je dois bien avouer qu’elle n’est pas l’objet du seul culte national puisque ça fait plusieurs compères italiens qui m’expliquent la beauté de cet élan, et tout leur amour pour Robespierre, Rousseau, Marat et autres bienfaiteurs publics ; et me voilà, gros faux-cul, à éviter soigneusement la polémique, à dire merci poliment, à sourire et à m’en aller…

guillotine2

S’il y a une chose qui m’a marqué, cela dit, dans la relecture de la Déclaration des Droits de l’Homme, c’est l’article sur la propriété privée, qui devient «  un bien inaliénable et sacré » ; si le premier se comprend au regard de l’histoire, le second est me semble-t-il révélateur d’un aspect très caractéristique de la révolution, et qui nous imprègne encore fortement aujourd’hui : l’avènement d’une mentalité bourgeoise, qui place la recherche d’une sécurité matérielle au premier plan, qui justifie moralement la quête individuelle d’une prospérité suffisante comme fondement du progrès humain. Qui peut prétendre ne pas être l’heureux héritier de cette pensée révolutionnaire? Pas moi. Et pourtant, il y a un os ; et je crois que l’os est dans le « suffisant » ; car bien sûr, c’est le tonneau des Danaïdes… plus j’en ai, plus il m’en faut ; et ce seuil de richesse justifiée se transforme bien vite en apologie du profit maximal… et la liberté des uns ne s’arrête plus à celle des autres. Quel rapport avec la choucroute ? Eh bien le rapport, pour moi, c’est Jacques Brel qui l’indique : « La bêtise (ou la méchanceté), c’est de la graisse autour du cœur ». Et moi, j’essaie de comprendre ce qui est difficile dans l’abandon relatif que ce pèlerinage représente chaque jour; ce qui fait le gras que j’ai autour du cœur, qui m’empêche d’aller vers l’autre et de l’aimer en vérité; j’essaie de comprendre ce qui nous pousse a priori à opter pour le camping village (hors saison on peut se le permettre, pas besoin de prendre de râteau, une fois payé on ne doit plus rien à personne) plutôt qu’à mendier un coin de terrain ; ça fait pourtant bientôt 2 mois que nous faisons l’expérience qu’aller à la rencontre de l’autre, en s’avouant d’emblée dépendants, rend plus heureux. Et voilà le rapport : le bonheur vient-il de la quête d’une suffisance illusoire, ou bien de la reconnaissance d’une dépendance certaine ? Mais poser le problème de façon rationnelle comme cela, ça ne suffit pas ; ce qui fait basculer, je crois, c’est la foi, c’est-à-dire plus que l’espoir, la conviction que si je confie notre destin à Dieu, Lui qui m’aime infiniment prendra soin de nous, infiniment, à travers et par le biais l’autre dont j’aurais préféré me passer…Parce que forcément, si je ne crois pas qu’Il m’aime, je suis confronté à ma peur, une peur renforcée par tous les mauvais exemples qu’on ne manquera pas de me rappeler ; je dois m’en remettre à l’autre (avec un petit a), et pas à l’Autre, c’est-à-dire l’autre enfant de Dieu. Nous voici à Rome ; fin de la première étape ; un peu moins de 2 mois et de 2000 bornes ;  Dieu s’est montré à nous à travers l’autre à chaque fois que nous lui avons demandé et fait confiance ; et pourtant nous avons toujours autant de mal à lui faire confiance…faut continuer alors…pas sûr qu’on s’arrête en Terre Sainte, d’ailleurs !

jacques-brel-cigarette

Cet article a été publié dans Uncategorized. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

8 commentaires pour Moins de gras, plus de grâce.

  1. Cette Grand dit :

    La Révolution, Dieu, et Brel dans le même post. Très bien, très bien. Vivement la semaine prochaine, que l’on voit où cela nous mène. On vous embrasse.

    • Cette Grand dit :

      Et voilà, je viens de me refaire tancer vertement à propos d’un subjonctif, ou d’un truc dans le genre. Mon prochain commentaire ne sera fait que de chiffres, et de signes de ponctuation, pour limiter les risques.

  2. VPBPO&P dit :

    délicieux

  3. Sue Bertram Leduc dit :

    I am very tempted to send you some « meditations » of a cistercien priest that I have been reading, because your reflexions are an echo to what he says …. but then I thought, that is THE big trap we all fall into : finding the book, the phrase, the quote – that sums it all up so perfectly and we stop searching and experimenting ……. so I will NOT send you anything, because your own path is what is important –
    Please keep searching, and sharing – a profound joy reading your journal.

  4. Delort dit :

    Hello les cocos, vous faites toute mon admiration et celle d.Hervé , je vous trouve finalement super drôles , toi Moyü, tu as une plume de génie , tu seras forcément publiée,j.aimerais tant que vous puissiez venir sonner à ma porte pour vous chouchouter… Vous êtes dans la vérité !!! Si, si!! C.est vrai que ce bout de gras autour du cœur, tout le monde n’a pas envie de s.en débarrasser , on a la flemme comme on ira faire du sport et on en bavera pour garder sa ligne !! c.est dur !! ces efforts vous donnent la pêche . Et vous aurez la pêche dans votre cœur ou votre âme, par votre courage et vos efforts . Ce bout de gras fout le camps chez vous , c.est certain et nous devons en prendre de la graine !!! Bravo les champions , continuez c.est canon, et puis vous nous donnez la pêche même si c.est un peu dingue votre truc …. Mille bizzzzzzz . Roselyne

  5. Ed dit :

    « la révolution c’est comme une bicyclette, si elle n’avance pas elle tombe »

    – « Eddy Merckx?
    – Non, Che Guevara »

    (Rabbi Jacob, avant l’invention de la béquille)

  6. Valérie dit :

    On vous suit les amis, on vous suit!… Confortablement installés dans notre canapé, on vous suit!
    Merci de nous partager TOUT ça: la Keskonfoulite, les rencontres, les réflexions… (Presque des méditations à ce stade là!)
    Haut les cœurs! On ppv!!!
    Bises à la bande poissonière!

  7. Ed dit :

    – la révolution c’est comme une bicyclette, si elle n’avance pas elle tombe !
    – Eddy Merckx?
    – Non, Che Guevara !

Laisser un commentaire