Semaine 2 : bon ben cette fois, ça y est.

Il y en a qui le savent déjà, surtout s’ils sont venus avec nous sur les routes de Compostelle l’année dernière : eu égard au passif quelque peu particulier du gracieux James Bond, nous avons fait l’acquisition de talkie-walkies, que nous utilisons tous les jours sur la route.

Ils sont au nombre de 3 : un dans la voiture, et les autres pour les vélos. D’un point de vue bêtement pratique, cela nous permet de rester en contact, en tout cas entre vélos, car il n’est pas rare de se  perdre de vue, surtout quand votre servante – qui n’a plus de chien, non – tire ses 40 kg de remorque dans une côte à 10%, comme hier (heureusement qu’on était Vendredi, ça allait pas mal avec les mystères douloureux). Dans ce cas, ce qui est par ailleurs très humiliant (cool, c’est vendredi), la marmaille prend quelques centaines de mètres d’avance et s’arrête sur le bord en chantant « Allez Ma-man, Allez Ma-man », ou sinon elle disparaît, devant, là-bas, loin loin derrière les virages. Et donc, de temps en temps, il est bon de lancer un petit appel désespéré pour leur dire de faire une pause. Arrivés sur zone, il est pratique parfois de savoir où se trouve le convoi logistique, et alors la fin de l’étape est bien plus simple grâce à ces petites choses.

La possession des objets susnommés nous a contraints à choisir des noms de code, car vois-tu, c’est très important. Et alors comme c’est très important, il faut que je t’en parle.

L’année dernière à Compostelle, c’était totalement désorganisé, avec des Veau d’Or, des Baygon Vert, des Poulpo et des Holstein. Cette fois-ci, nous avons décidé d’enrayer la pandémie de n’importe quoi, oui oui, et alors nous avons choisi une thématique. Une thématique en rapport avec le pèlerinage, Jésus, tout ça. Et comme c’était pas terrible de s’appeler « Baguette Moulée », « Pain Bâtard » ou « Campaillette », on s’est dit qu’on allait plutôt taper dans la pisciculture (le pain, le poisson, tu suis un peu, oui).

Ca donne ceci :

Le président à vie s’appelle « Saumon ». Car comme ledit, il est rose, et n’aime pas trop se prendre des baffes par des ours.

N°1 est « Sardine », parce que c’est comme ça. N°2 est « Le Thon », en hommage à son meilleur ami Bruxellois, et aussi parce que bon, en ce moment, il est un peu grassouillet. N°3 est « Hareng », car il adore ça, à l’huile, avec des petits oignons et des petits morceaux de carotte. N°4 est « Bubulle », mais tout le monde s’en fout, parce qu’on n’a jamais besoin de lui parler au talkie-walkie. Et votre servante est « Mérou », car comme ledit elle est belle et gracieuse, fine et savoureuse.

Voilà, c’était vraiment très intéressant.

Sinon, cette semaine, le filon Relais Château s’est épuisé bien vite, et on a été obligés de demander l’hospitalité comme des vrais pèlerins. Ca a donné, dans le désordre, une maison hantée chez des éleveurs de poulets Label Rouge,

Non, ceci n’est pas la cellule de Padre Pio

Une salle des fêtes à Pionsat,

On pionce bien, à Pionsat, oui.

Il a adoré. Promis.

un hangar chez le fermier-dans-son-pré (bien vu, le hangar, puisqu’on a ramassé 60mm d’eau dans la nuit, que j’ai d’ailleurs en partie passée à regarder les flaques enfler tranquillement à 1m de mon lit),

Et le matin au réveil, 10°C dans ton nez.

deux auvents de stades de foot,

Le premier, à St Babel

Le deuxième, à Lamothe

et aussi, grâce à la familia et ses lieux de villégiature divers et variés, une vraie maison. Claire, si tu me lis, toi l’Auvergnate qui sans façon m’a donné une douche chaude, un lit, une tisane et du wifi, sache que dans mon âme ils brûlent encore et tout.

Qu’il te conduise à travers ciel

Et toi qui me lis, qui te lèves de ton lit le matin pour aller prendre un café dans ta cuisine, sur une vraie table, puis te laver à l’eau chaude, avec un miroir face à ton doux visage dans le pâté, Amen Amen je te le dis : réjouis-toi de ces petits luxes tout simples.

Il y a aussi une fois, on avait prévu un itinéraire dans le Massif Central, et puis au dernier moment on a changé notre fusil d’épaule et on en a pris un autre. Le soir venu, dans la maison Label Rouge, on a admiré au loin un cumulonimbus splendide qui s’illuminait régulièrement d’éclairs qui le traversaient de part en part, c’était canon. Ce qu’on ne savait pas, c’est qu’il était précisément en train de déverser, sur l’itinéraire qu’on avait prévu au départ, des grêlons gros comme des balles de tennis qui ont fait 4 blessés. Providence, providence. On a prié pour eux, mais on était quand même contents d’être passés à côté.

Après avoir pioncé à Pionsat, on est aussi montés à Monton. Et j’ai pris cher, comme une vache.

3 mois après la révision, je n’aurai qu’un mot : Bravo.

Prière du matin. Ou briefing topo. Je sais plus.

Demain, des parents voulaient nous rejoindre au Puy-en-Velay, mais c’est trop loin. On est trop loin maintenant. Déjà. On est partis, quoi.

A la prochaine.